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Saisir l’instant : Didier Valet parle de fintech, d’IA et de la prochaine grande opportunité Européenne

Didier Valet
October 10, 2024
6 min
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Didier Valet, cofondateur de Varsity et ancien Directeur Général Délégué de la Société Générale, partage son point de vue sur le moment charnière pour la finance intégrée, son enthousiasme pour l’intelligence artificielle (IA) dans la finance, et pourquoi l’Europe pourrait jouer un rôle clé dans l’innovation.

Pendant les 25 ans que j’ai passés dans le secteur bancaire, j’ai vu l’industrie changer en profondeur. Lorsque j’ai commencé, la banque était en pleine transformation et croissance rapide. Dans les années 90 et début 2000, l’innovation battait son plein avec un dynamisme incroyable pour développer de nouveaux produits.

Après la crise financière de 2008, les opérations bancaires au quotidien sont devenues plus complexes, pour des raisons évidentes. La quête effrénée du rendement via l’endettement et l’innovation non contrôlée a contribué à la crise. Face à des erreurs aussi graves, il était nécessaire de renforcer la régulation.

Les banques ont dû améliorer leur gestion des risques et ajuster leur tolérance aux risques, tant dans la manière dont elles innovent que dans les clients qu’elles servent. Le ratio risque/profit doit être équilibré, mais du point de vue des banques, ce n’est pas toujours évident pour les petites entreprises.

Mais la technologie change la donne. Les fintechs sont rapides et efficaces pour transformer des segments de marché à faible profit en actifs rentables grâce à la technologie et aux données. Elles ouvrent la voie à une rentabilité que les banques n’ont pas su atteindre jusqu’à présent.

Elles adoptent une approche plus globale, en simplifiant la vie des petites entreprises plutôt qu’en leur vendant simplement des produits.

Le moment parfait pour le prêt intégré

Le prêt intégré arrive à un moment idéal. Les fintechs qui ont réussi lors de la première vague — comme les néobanques et les insurtechs — doivent trouver de nouveaux marchés pour concurrencer les acteurs traditionnels. Les banques ont rattrapé certaines des innovations qui faisaient la force de ces nouveaux acteurs, notamment en termes d’expérience client pour les particuliers.

Cependant, elles sont de plus en plus à la traîne lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins des petites entreprises.

Un exemple : à la Société Générale, nous avions une activité de leasing importante. Mais l’équipe hésitait à s’occuper des petites demandes de financement des entreprises de taille moyenne. Elles estimaient que les garanties offertes n’étaient pas suffisantes, et en cas de fraude ou de défaut de paiement, cela deviendrait rapidement non rentable.

Il existe de nombreuses entreprises prêtes à répondre à ces besoins, mais elles ne veulent pas devenir des banques. Le prêt intégré est donc une solution parfaite pour deux raisons :

  1. Les banques utilisent des vieilles technologies, ce qui les rend moins agiles que les fintechs ;
  2. Leur appétit pour le risque en matière de crédit, de conformité et de législation est souvent trop rigide.

Cela rend les banques presque incapables de rivaliser avec les fintechs sur le plan technologique. Mais cela ne signifie pas que les fintechs prennent des risques démesurés. Elles ont simplement accès à de nouveaux types de données plus rapidement et plus facilement.

Des entreprises comme Defacto sont présentes sur ce marché, avec des tarifs mieux adaptés aux profils de risque et une meilleure compréhension des risques. Si vous avez de bons produits et êtes prêt à accueillir ces clients, vous êtes en très bonne position.

L’importance des « données chaudes »

Les prêteurs doivent limiter les risques de fraude et vérifier les historiques de crédit. Les banques traditionnelles s’appuient souvent sur des états financiers remontant à plusieurs mois ou années. Obtenir des informations plus récentes leur prend du temps.

Les banques disposent de grandes quantités de données historiques sur leurs clients, bien plus que les jeunes entreprises. Mais l’utilisation de ces données n’est pas toujours adaptée pour servir de nouveaux clients.

Les fintechs, elles, peuvent utiliser des « données chaudes » pour obtenir rapidement une image claire d’une entreprise, sans avoir à attendre des mois de données financières. Elles se connectent directement aux outils de gestion d’une entreprise pour évaluer immédiatement sa position de crédit et les risques potentiels.

En matière de conformité, les fintechs disposent d'outils plus légers, tandis que les banques adoptent souvent une approche standardisée qui passe parfois à côté des petites entreprises.

L’utilisation des « données chaudes » dans l’évaluation des risques, souvent grâce à la directive PSD2, est plus agile que l’analyse des bilans comptables. Et la directive PSD3 facilitera encore ces changements.

Miser sur l’intelligence artificielle

L’IA générative (Gen AI) était peu connue en 2021, mais a explosé en 2022-23. Aujourd’hui, une nouvelle vague d’idées et de produits émerge, souvent augmentés ou entièrement construits sur l’IA.

Certains restent prudents, mais je suis très optimiste quant à l’impact de l’IA sur la fintech.

La plupart des fintechs intégreront l’IA sans devenir des entreprises spécialisées en IA. La question est de savoir dans quelle mesure elles utiliseront cet outil pour devenir plus efficaces, plus rapides et évaluer les risques de manière plus intelligente.

Defacto le fait déjà dans le domaine des prêts et prouve la valeur que cela peut apporter.

Au départ, j’avais des doutes sur le fait que les fintechs se lancent dans une activité risquée comme le prêt. Mais on peut constater la valeur ajoutée d’un système de scoring et de tarification qui évalue les risques avec plus de précision.

Le grand défi reste l’adoption de l’IA. L’IA générative peut désormais s’attaquer à des problèmes complexes autrefois réservés aux experts. Et bien sûr, les experts n’apprécient pas l’idée d’être remplacés ou complétés par une machine. Nous devons les convaincre qu’elle peut les aider à se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, sans remplacer leur expertise.

En introduisant ces outils progressivement, avec des outils copilotes, on peut surmonter cette réticence et intégrer l’IA de manière fluide dans les fintechs.

L’IA et l’Europe

La réponse de l’Union européenne face à la montée de l’IA sera intéressante. Les inquiétudes sur la protection des données et leur utilisation sont au cœur des discussions, ce qui entraîne des régulations et des restrictions.

Comme le RGPD a été un précurseur en matière de protection des données, les régulations sur l’IA en Europe permettront de prévenir ou limiter les usages les plus risqués dans nos vies privées. C’est essentiel pour apaiser les craintes liées à cette nouvelle technologie.

Les régulations européennes sur l’IA sont relativement équilibrées et laissent de la place à des champions européens et américains. Cependant, à mesure que la régulation se renforce, cela crée une barrière naturelle à l’entrée pour les acteurs externes.

Si les entreprises européennes utilisent l’IA de manière conforme aux attentes de l’UE, cela devient un avantage compétitif. Les entreprises américaines devront s’adapter si elles veulent entrer sur le marché européen, et beaucoup ne sont pas encore prêtes à le faire dans 27 marchés différents.

Pourquoi je crois en l’Europe

La technologie en Europe a connu une véritable expansion entre 2018 et 2021, avec de nombreuses idées innovantes. Le marché européen étant moins mature que celui des États-Unis, de nombreuses entreprises ont rapidement trouvé leur place et réussi à se développer.

Bien que cet élan ait ralenti, nous avons prouvé le potentiel de l’Europe.

Par ailleurs, la diversité des marchés européens rend l’entrée difficile pour les grandes entreprises mondiales. Beaucoup commencent par le Royaume-Uni, mais doivent ensuite adapter leur stratégie pour entrer en France, en Allemagne ou en Espagne.

Les fintechs locales sont mieux placées pour tester leur produit sur leur marché avant de s’étendre rapidement aux marchés voisins. Ce qui est vu comme un obstacle pour les grandes entreprises internationales est un avantage pour nous.

Varsity est un fonds d’investissement européen, et nous avons l’ambition d’être véritablement pan-européens, et pas seulement français. Je suis convaincu du talent et des technologies dont dispose l'Europe, et je suis persuadé que ce marché mérite pleinement d'y investir. Plus nous verrons de succès dans la tech et la fintech, plus nous pourrons libérer notre potentiel.

La fintech : bien plus que de l’argent

Les banques ne peuvent plus innover comme elles le faisaient auparavant. Mais il existe un enthousiasme et une vague d’innovation remarquables dans la fintech. En tant que gestionnaire de fonds et business angel, je suis ravi de soutenir ce mouvement. Cela dépasse la simple technologie ou les transactions financières ; il s’agit de proposer des solutions qui améliorent véritablement le paysage financier.

Prenons l’exemple de Qonto : leur objectif n’est pas seulement d’être une banque, mais de simplifier la vie des PDG et des fondateurs d’entreprises. Alma, quant à elle, fonctionne davantage comme une solution technologique pour le commerce de détail, aidant les entreprises e-commerce à améliorer leurs ventes. Elles agissent comme une facilité de paiement, mais leur mission va bien au-delà.

De la même manière, Defacto s’engage à servir les petites entreprises que les banques traditionnelles négligent souvent. Elles offrent des solutions de financement adaptées aux besoins spécifiques des PME.

La fintech, ce n’est pas juste des dépôts, des prêts ou des marges. C’est une nouvelle façon de travailler et de concentrer l’innovation.

À propos de Didier Valet

Didier Valet a passé 25 ans dans le secteur bancaire, dont 18 ans à la Société Générale. Il a été Directeur Financier du Groupe et Directeur Général Délégué jusqu'à son départ en 2018.

Il a ensuite exercé comme conseiller senior chez CVC Capital Partners et Bain & Company, et a réalisé plus de 70 investissements en tant que business angel. Il est aujourd'hui associé principal de Varsity, un fonds d'investissement en phase de démarrage qu'il a cofondé en 2023 avec Kamel Zeroual et Florent Thomas.

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